L’un des effets collatéraux de l’épidémie de covid-19 est la montée en puissance du télétravail thérapeutique. Comme près de 80 entreprises françaises à fin 2021, Bayer a signé un accord relatif à cette forme d’organisation. Laurent Besse, directeur des ressources humaines et Corine Colombo, experte handicap et inclusion, dévoilent les mesures prises afin de développer le télétravail thérapeutique ainsi que les bénéfices attendus.
Depuis quelques mois, Bayer déploie le télétravail thérapeutique. De quoi s’agit-il et à qui cette démarche s’adresse-t-elle ?
Corinne Colombo : Face à l’épidémie de Covid-19, Bayer a proposé aux partenaires sociaux de renégocier l’accord préexistant sur le télétravail de manière à élargir son champ d’application. Il peut en effet prendre différentes formes : ordinaire, spécifique, occasionnel mais aussi thérapeutique. Ce dernier cas répond à des problèmes de santé généralement temporaires et médicalement justifiés. Chez Bayer, la condition pour bénéficier du télétravail thérapeutique est d’occuper un poste compatible avec ce mode d’organisation et de justifier d’un motif de santé nécessitant cet aménagement. C’est aux services de santé au travail qu’il appartient de proposer la mise en œuvre d’une solution adaptée aux besoins et contraintes de chaque salarié éligible au dispositif.
Qu’est-ce qui a conduit l’entreprise à s’engager sur ce terrain ?
Laurent Besse : Le télétravail thérapeutique est un moyen approprié pour aider nos collaborateurs à faire face à certaines situations. Il offre à une femme enceinte la possibilité de travailler à domicile et de limiter ainsi les inconforts ou facteurs de risque induits par les transports. Il permet également à une personne reprenant le travail après une longue maladie de se remettre progressivement « dans le bain ». Enfin, le recours au télétravail thérapeutique est utile lorsque l’intégration d’une personne en situation de handicap nouvellement recrutée nécessite une organisation ou un rythme de travail particulier.
Quels sont les bénéfices attendus, à la fois pour les salariés éligibles et pour l’entreprise ?
L.B. : Notre but est avant tout d’améliorer la qualité de vie et le bien-être au travail en offrant aux salariés les meilleures conditions pour mener à bien leurs missions. Du point de vue de l’entreprise, le gain potentiel réside dans une organisation facilitée pour les personnes concernées et les équipes auxquelles elles appartiennent. Nous devons néanmoins garder à l’esprit certains risques qu’il ne faut pas sous-évaluer : l’isolement social, la surcompensation ou encore la difficulté à bien séparer vie professionnelle et vie privée. Nous veillons à ces risques, d’une part en accompagnant les managers et, d’autre part, via le suivi de notre questionnaire annuel dédié aux risques psycho-sociaux.
Bayer a-t-il l’intention, à terme, de remplacer le temps partiel thérapeutique par le télétravail thérapeutique ?
L.B. : Les situations auxquelles s’appliquent ces deux formes d’organisation ne sont pas interchangeables mais complémentaires. Le temps partiel thérapeutique est mis en place lorsqu’un salarié n’est pas en mesure de délivrer un travail à temps plein pour des raisons de santé. Le télétravail thérapeutique, pour sa part, enrichit la palette des solutions offertes au médecin du travail. Cette option peut être privilégiée pour favoriser la poursuite ou la reprise d’une activité à temps plein dans des conditions optimales.
Le télétravail thérapeutique peut-il être un dispositif au service de l’insertion, de l’accès ou du maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap ?
C.C. : Avant même l’instauration du télétravail thérapeutique, nous proposions le télétravail aux collaborateurs en situation de handicap. Pour eux, la clé d’un télétravail thérapeutique réussi réside dans notre capacité à reproduire au domicile les aménagements réalisés sur le site d’appartenance. Cela doit faire l’objet d’une réflexion collective associant, outre l’utilisateur et son manager, la médecine du travail, les RH, l’expert handicap & diversité et l’ergonome.
L.B. : Chez Bayer, nous pensons que le succès du télétravail repose sur un juste équilibre entre les temps collectifs, les temps de présence dans l’entreprise et les temps de télétravail. Tout comme les autres types de télétravail, le télétravail thérapeutique doit ménager le meilleur équilibre possible entre ces trois temps essentiels à la vie en entreprise.
Signé : Matthieu Perotin
Corinne Colombo
Après vingt ans passés chez Bayer, Corinne Colombo a acquis une véritable expertise dans le domaine de l’engagement sociétal. Elle s’est notamment consacrée à l’évolution professionnelle des salariés en situation de handicap, en démontrant que le télétravail était un aménagement propre à favoriser l’évolution professionnelle et la mobilité. Sa conviction personnelle : tout comme les collaborateurs, l’entreprise se doit d’être flexible et agile pour pouvoir prendre en compte les besoins spécifiques au sein des équipes
Laurent Besse
Laurent Besse a rejoint Bayer France en 2004 avec la responsabilité d’animer le Talent Management. Il a ensuite assuré la direction des ressources humaines pour différentes branches d’activités, avant d’élargir son périmètre à l’ensemble de l’entreprise en France. Il est également directeur des ressources humaines de la division Crop Science pour la région Europe de l’Ouest et du Nord. Il s’est engagé pour promouvoir un certain nombre de dispositifs novateurs. Parmi eux, la possibilité offerte aux salariés de choisir ou non le télétravail sur 100 jours chaque année, ou bien la signature d’un accord sur le droit à la déconnexion dans le cadre du télétravail.
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